top of page
cecileluherneart

Un tout premier Noël (1/2)

Cette année, dans ma famille, Noël n'a ressemblé à aucun autre jusqu'alors.

Ma fratrie de quatre et mes deux parents avons toujours fait notre possible pour nous réunir à Noël. Nos quelques cousins ne vivent pas dans notre région, nous avons un noyau familial assez petit, mais très soudé. Je n'ai pas toujours pu être avec eux au cours de mes années passées à l'étranger ; mais lorsque nous sommes ensemble, nous changeons peu les habitudes prises dès l'enfance. Noël finit toujours par se ressembler, et c'est ce que nous aimons.

La trame classique d'un Noël chez bibi

Nos Noël n'ont rien d'exceptionnel. Ma mère a décoré la maison familiale, où nous passerons tous deux jours au moins. Le sapin est dodu, ma mère a installé une crèche quelque part, il fait bon dans la maison pleine de trucs mais bien rangée en amont. Les repas occupent l'esprit, les mains puis le ventre : que sera le menu pour le soir du réveillon, pour le lendemain ? Que manque-t-il comme ingrédient, qui prévoit quoi ? Faut-il encore racheter du pain ? A. fera-t-il des verrines pour l'apéro, mangera-t-on huîtres et foie gras en entrée ?

Nombre d'entre vous vit peut-être ces difficiles dilemmes ; mais chez nous la bouffe est une chose sérieuse. Gourmands, mais gourmets, il s'agit de se régaler sans déroger aux grands classiques. Cette année, mon frère mécontent que ma mère ait tout prévu en surgelés (de luxe quand même) a trouvé le moyen de mitonner maison de délicieux à-côtés. La cuisine finit toujours par être encombrée, envahie d'épluchures, de préparations, de récipients divers, d'ingrédients à traiter, puis de plats et de vaisselle, depuis le premier repas du jour jusqu'à la fin du dernier.


Moi, je participe en général assez mollement à ces préparatifs culinaires. Mes amis vous diront que je passe mon temps à cuisiner, et que le moindre ragoût de grand-mère mijoté sous ma garde déploie des trésors gustatifs insoupçonnés. (Ok j'y vais fort ; reste que je suis rodée aux ragoûts de grand-mères. Parole.) Pourtant je me garde bien d'intervenir ; à peine donnai-je mon avis sur le menu, ma réflexivité et mon sens critique jamais en veille trouvant parfois par miracle une oreille intéressée. Quant à prendre une initiative, Dieu m'en garde ! Trop d'intervenants méfiants et de chefs en titre se disputent déjà les fourneaux. Mon rôle à moi, en général, est de mettre la table, ce que je fais avec un plaisir réel, une créativité soucieuse des détails et une lenteur précautionneuse.

Le repas est trop long à mon goût, je vous en épargne les détails. En général, c'est très bon, convivial aussi.

J'aimerais que nous eussions l'usage de tous chanter autour du piano de ma mère, ou de jouer à des jeux de société après le repas, mais nous finissons tous si pleins et fatigués que la question jamais ne se pose. En outre, il arrive souvent que nous n'ayons pas tous emballé tous nos présents ; on se passe alors le scotch et les papiers soigneusement pliés, récupérés de l'année précédente (j'emballe dans mes foulards, personnellement) d'une pièce à une autre pour ne rien révéler. Et puis, bonne nuit.


Le matin, ça farfouille sous le sapin

Chez nous, c'est le matin que nous ouvrons les cadeaux. Autrefois, les premiers enfants réveillés trépignaient en attendant les autres, qui ne tardaient pas trop à descendre en pyjama pour que commence la fête du déballage. Aujourd'hui, les premiers préparent le café, d'autres se douchent et s'habillent de frais, on ouvre un Pannetone et l'on déjeune en admirant la pile de cadeaux au pied du sapin, tant que les derniers levés ne sont pas descendus. Et puis, le père Noël, c'est nous tous. Nous n'arrivons jamais à renoncer au plaisir de cherche à offrir une bricole à chacun, il n'y a donc pas de tirage au sort chez nous ; cela fait une grosse pile de cadeaux, de plus en plus d'idées à trouver et beaucoup de paires de chaussettes offertes. De plus en plus, nous partageons une liste de souhaits en amont. (C'est pratique, mais j'aime aussi les surprises, personnellement, et en faire aussi surtout !) Parfois pour quelque chose de précis, parfois pour ne Pas recevoir quelque chose de précis. Mais en tout cas, nous nous y prenons toujours trop tard. Personnellement, je n'ai plus de désirs spécifiques, ou très peu ; ayant l'impression de ne manquer de rien, je me contente de peu. Et je suis ainsi plutôt ravie des petites attentions que je reçois.


Quand elle peut, ma mère (qui est la seule encore un tantinet pieuse dans la famille) se rend à la messe du matin de Noël, occasion de revoir quelques visages connus dans le village. Elle revient à temps pour que l'on passe à table, tard et déjà parfois écœurés de chocolats mais vite remis en appétit par le menu - certes moins plantureux que la veille mais qui concentre les denrées réservées en extra, et une seconde bûche, évidemment.

L'après-midi bien avancé s'étirera en siestes, en lectures au salon des nouvelles BD, en rangement des papiers et en essayages ; parfois une balade, mais ce n'est pas un rite, loin de là. On ne fait globalement rien, mais on le fait ensemble. Et, c'est bien.


Des changements quand même au fil du temps

Quand je dis que rien ne change, c'est faux, bien sûr. Nous avons grandi, vieilli, tous. Avant, mes grands-parents étaient avec nous. Puis, mes grands-mères. Ils sont dans nos souvenirs, mais quand j'y pense, cela me rend très triste. Ils étaient nos parents proches invités dans notre bulle pour ces festivités, aujourd'hui peu à peu remplacés par de nouveaux membres.

Deux des enfants sur quatre ont quelqu'un dans leur vie, des gens adorables qui depuis deux ans ou plus participent à la fête. Ils ont leur bonnet de père Noël (tradition nouvelle née d'une blague l'an passé) et nous rions tous aux mêmes blagues, c'est un bonheur de les avoir. Pour la première fois cette année, le frère de mon beau-frère s'est aussi joint à nous, un peu de nouveauté rafraîchissante. Autre variation, le chat de mon petit frère, un fripon discret mais joueur qui se love avec nous pour la sieste, s'acharne comiquement sur les bolducs frisés et dans les papiers qui traînent et joue avec les nerfs de ma mère quand il se cache ou tarde à rentrer. Elle lui donne quelques crevettes en cachette, nous l'accueillons parfois sur nos genoux aux toilettes, lui ouvrons le robinet pour qu'il boive, cet entêté.

Mais cette année 2024, une aura de bonheur, de magie, de vie nous a enveloppé (et cela n'a rien à voir avec le chat). Cette année les horaires avaient encore moins de sens ; la lumière est restée tamisée, et pas question de se mettre au piano. Cette année, dans notre famille d'adultes vieillissants, pour la première fois et comme pour rappeler le tout premier Noël, nous avions parmi nous le plus beau des cadeaux : un bébé.


Vous voulez en savoir plus ? ça vient !





















Posts récents

Voir tout

Sourire d'hiver

Il fait un froid cristallin ce soir, l'air est piquant d'hiver. Emmitouflée, je sens à chaque pas rougir mon nez. Le froid prend tout ce...

Comentarios


bottom of page